Diane Cornu est une artiste dotée d’un savoir-faire peu connu. Elle se définit comme « Horticultrice papier », et crée des fleurs magnifiques avec de vieux outils qu’elle collectionne. Elle nous ouvre les portes de son atelier le temps d’une interview pour parler de son parcours, de sa technique, et de ses inspirations.
Nous proposons les magnifiques créations de Diane pour des fonds photocall personnalisés.
Bonjour Diane, peux-tu nous présenter ton parcours ?
J’ai fait les Beaux-Arts à Clermont-Ferrand, où j’avais une pratique orientée très land art. C’est un courant artistique qui utilise la nature, et du coup je me suis intéressée au nombre d’or, aux formes fractales et à tout ce qui expliquait que la nature était intelligemment faite, et d’une manière belle mais intuitive. C’est en voulant mettre en avant cette beauté intuitive que je me suis mise à faire des fleurs avec du papier, parce que c’est une matière que j’ai appris à fabriquer traditionnellement avec deux artistes à Angers : Niki Nakamura et Jean-Michel Letellier. Et je me suis mise à faire une fleur, deux fleurs, trois fleurs, et quand on commence on s’aperçoit qu’il y a tellement d’espèces de fleurs, que c’est très compliqué de s’arrêter et de se cantonner à une seule espèce. Ce qui m’a permis en fin de compte de faire évoluer mon métier.
D’où vient ton savoir faire ?
Je ne peux pas dire que j’ai vraiment appris quelque part. Je n’ai pas suivi un cursus scolaire très académique, mais c’est en voulant faire évoluer ma technique que je me suis rendue compte que c’était un métier qui existait, donc « parurier floral » et qui est en voie de disparition. C’est ça qui est intéressant aussi, l’idée de faire perdurer un métier qui est amené à disparaitre, et aussi de le faire évoluer, de le moderniser. Et donc je me suis rendue compte que c’était un métier qui existait et on utilisait d’anciens outils dans ce métier là… Et je me suis mise à chiner à essayer de trouver des outils. Petit à petit je me suis fait une collection. Quant au geste, c’est quelque chose que j’ai acquis intuitivement, mais aussi en regardant des vidéos de documentaires ou en lisant des livres, des bouquins anciens sur la technique.
Qu’est-ce qui t’anime dans ton métier ?
Ce qui m’anime vraiment dans mon métier, c’est la nature, parce que j’essaie à travers mon travail de justement montrer le plus fidèlement, quelque chose dont on n’a pas forcément conscience. Parce que l’on est tellement habitué à regarder la nature comme un décor, que l’on s’est un peu coupé de ce que c’était réellement. Et j’espère dans mon travail pouvoir retransmettre cette passion que j’ai pour la nature et pour la beauté que ça dégage. Et cette espèce de mystère de la nature.
Comment évolue ta pratique ?
Disons que ça fait huit ans que j’ai commencé donc ça fait un petit moment qu’effectivement, je fais évoluer mes techniques. Au début il y a eu tout un travail d’identité et aussi de conception. Trouver les meilleures techniques puis m’ approprier les outils. Je suis tout le temps dans l’expérimentation. L’idée c’est justement de faire évoluer ces techniques pour faire évoluer son travail, et je ne suis pas dans une pratique où je vais me contenter de fabriquer quelque chose à la chaîne. Même si en fin de compte c’est ce qui me permet aussi d’en vivre, mais je profite de certains grands projets, généralement pour les professionnels par exemple, où on me demande des choses sur mesure et qui existent pas forcément, pour développer de nouvelles espèces de fleurs ou de nouvelles techniques. L’idée c’est vraiment à travers ça de faire évoluer mon travail.
Un conseil à donner à quelqu’un qui veut créer son activité ?
Je pense que le seul conseil que j’ai à donner c’est d’être passionné. Déjà d’aimer ce que l’on fait, mais de savoir aussi pourquoi on le fait, parce que je pense que l’on est dans une époque où l’on aime faire quelque chose, mais on ne cherche pas à comprendre pourquoi on aime faire cette chose là. Je sais que ce que je fais, je ne pourrais pas m’en détacher et je ne le fais pas juste par loisir ou par plaisir. C’est vraiment que personnellement, je dirais même dans ma quête de moi même, c’est quelque chose dont j’ai besoin. Et c’est ça que je dirais aux gens, c’est vraiment de développer leur identité. De savoir d’abord pourquoi on le fait et de savoir qui on est, et ensuite de développer cette identité là, parce que c’est ce qui va nous permettre de nous démarquer de quelqu’un d’autre.
Satellite of love de qui, de quoi en ce moment ?
En ce moment, je regarde pas mal le travail d’Alexander McQueen qui pour moi est une source d’inspiration. Parce qu’il a osé marquer une identité dans un lieu, dans un cadre, où ça peut paraître à la base hyper kitsch, alors que lui en fait quelque chose de moderne. Son travail c’est vraiment quelque chose qui me parle énormément. Sinon il y a Tiffanie Turner qui fait des fleurs géantes et qui les expose dans des musées. Je n’ai jamais eu la chance d’en voir une en vrai, mais ce sont des installations gigantesques et je trouve que le fait d’avoir quelque chose de complètement disproportionné, ça force les gens justement à regarder des choses auxquelles ils n’ont pas l’habitude de prêter attention. Donc oui, ça c’est vraiment deux artistes coup de cœur de ce moment !
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